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Cruzando

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La musique m’a souvent sauvée de la déprime, de l’absence de vie ou de la perte
de son sens.
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Quand mes trois enfants, devenus grands,
ont quitté la maison, ils ont laissé un grand vide en moi, ou plutôt un sourd questionnement lancinant :
qu’est-ce que j’étais maintenant ?
ou qui étais- je à présent ?

 

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La Providence plaça alors sur mon chemin, et à ma porte, trois personnes rares, trois formidables musiciens qui, une fois de plus par la magie de la musique allaient me remettre en selle.

Ce fut d’abord Frédéric Denépoux qui ayant donné des cours de guitare classique à ma fille devint mon propre professeur; puis ses amis, Valérie Folco et Sébastien Morales ( qui habitaient à Suresnes alors que je résidais à Saint-Cloud), et qui possédaient, en plus de leur formation classique , et le fait est rare, une vaste connaissance des multiples rythmes et instruments caractéristiques de chaque pays et tradition d’Amérique Latine. Avec eux, je retournai donc à nouveau aux sources. Ce sont eux deux qui, me sentant trop dispersée, m’ont conseillé de me fixer un projet et de m’y tenir. Au départ, il s’agissait d’enregistrer quelques uns des thèmes appris avec eux pour les faire entendre à ma famille.

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Valérie et Sébastien m’ont présenté Antonio Portanet, auteur-compositeur et grand connaisseur de García Lorca pour que nous commencions à enregistrer, toujours pour la famille. Notre petit répertoire s’affinait, se consolidait, mûrissait. Et puis une mystérieuse inspiration m’a traversée,et j’ai écrit des textes et composé des mélodies. Nous nous sommes tous pris au jeu et cet enregistrement est devenu un disque, mon premier disque. S’il s’intitule « Cruzando », c’est parce que avec lui et à travers lui, j’ai fait plusieurs traversées importantes : il symbolise mon lien profond avec ma terre natale, l’Amérique Latine, « del otro lado del charco » comme on dit là-bas, ainsi que mon passage mystérieux au statut d’auteur -compositeur et à un premier enregistrement avec de vrais professionnels.
J’ai eu la chance de l’enregistrer au sein du doux cocon que fut la maison d’Antonio et Cordula Portanet qui m’ont maternée tout au long de l’enregistrement, me nourrissant des excellents repas qu’ils mitonnaient dans leur cuisine et m’abreuvant des meilleurs vins qui remontaient de leur cave au fur et à mesure qu’un trac excessif m’envahissait et me paralysait.

rose_seuleMaría Victoria Morales

 

 

 

 

 

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Les Musiciens
Valérie FOLCO
 : Guitare, Guïro, Campana, Bâton de pluie, Uñas, voix dans Cumbia
Sébastien MORALES : Guitare, Cuatro, Quenacho, Zampoña
Jean Baptiste HENRY : Bandonéon
Pedro MELO : Conga
María Victoria MORALES : Guitare
Valérie FOLCO et Sébastien MORALES : Arrangements
Antonio PORTANET : Ingénieur du son

Graphisme : Dorothée SAILLARD
Mise en page : Charlotte Lepeltier

Production : Maria Victoria MORALES
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Mes remerciements vont en premier lieu à Valérie Folco et Sébastien Morales
sans lesquels l’idée même de ce disque ne serait pas née.
Je leur suis reconnaissante pour leur enseignement rare et précieux, pour leurs constants encouragements et pour l’extrême sensibilité musicale de leurs arrangements.
Je remercie également Antonio Portanet pour la longue et généreuse patience, la profonde empathie avec lesquelles il m’a soutenue tout au long de cette expérience première et fondatrice pour moi.
Merci aussi à tous ceux qui, sans être nommés et même parfois à leur insu,
nous ont aidés et inspirés.

Maria Victoria MORALES
Février 2009

Un parcours…

Je suis née à Santo Domingo, République Dominicaine, d’une mère dominicaine et d’un père espagnol.
A l’âge de six ans ma vie a basculé. J’ai dû rompre brutalement toutes les amarres qui me rattachaient à mon île et à mon identité profonde pour suivre mon père à Paris.

Avec mon père à Saint Domingue
Avec mon père à Saint- Domingue

J’ai peu à peu vécu et ressenti ces six premières années de ma vie comme problématiques pour moi- même et pour mon entourage et, lourdes de ma complicité , je les ai laissées couler au plus profond de moi- même, dans un oubli presque total.
Cette « tabula rasa » allait faire place à des matériaux tout à fait nouveaux que j’allais devoir assimiler pour continuer à me construire et à grandir :
un nouveau continent, une nouvelle famille, une nouvelle langue, de nouveaux amis…

 

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Mais les nouvelles constructions de l’édifice allaient-elles avoir raison de ses fondements précoces ?

 

Il se trouve que ma grand- mère, María Morales Lopez de Lerena Carbona , tenait une boîte de nuit appelée « La Guitare », au 14 de la rue Hautefeuille , en plein cœur du Quartier Latin.

Là se produisaient des groupes de flamenco et des groupes de musique latino- americaine. Par là sont passés « Los Machucambos », « Los Guaranís », « Los Gitanillos de Cádiz », et tant d’autres…

Le bar-restaurant La Guitare
Cabaret  La Guitare

La première fois que j’y ai entendu le répertoire folklorique d’un de ces groupes d’Amérique Latine, toute mon enfance est remontée à la surface , jusqu’au niveau du cœur, le recouvrant à nouveau d’une tiédeur douce et familière qui ravivait en lui ses anciennes couleurs et le faisait battre un peu plus vite, un peu plus fort, à son ancien rythme, oublié et ancestral.

Atahualpa Yupanqui et Cristóbal Cáceres
Atahualpa Yupanqui et Cristóbal Cáceres

Je garde un souvenir ému des cours de guitare classique d’Alberto Ponce… un de mes plus chers et inoubliables privilèges.

Je me souviens avec émotion de Cristóbal Cáceres, ambassadeur magnifique d’Atahualpa Yupanqui, du Paraguay et du chant guaraní ; et je me souviens de sa puissante et envoûtante voix cuivrée.

Un autre incroyable privilège, dont je ne prends la mesure que maintenant : avoir chanté à deux reprises, sur sa demande, et avec lui au « Rancho Guaraní » qu’il tenait alors dans le quartier de la Contrescarpe. J’avais à peine dix huit ans…

C’est donc ainsi que j’ai pu jeter un pont aussi invisible qu’indestructible entre ces deux identités qui me constituent. « Y ahora lo voy cruzando »…

   María Victoria Morales